Guide Quand l'horlogerie se met au vert - Part II
Le développement durable, l'économie circulaire, les matières premières recyclées : voilà des termes que nous allons de plus en plus entendre au sein de l'horlogerie de luxe. Et ça fait du bien !
Mais l'économie circulaire, c'est quoi ? Définition : l’économie circulaire se caractérise par une utilisation des matières premières efficace et sur une durée aussi longue que possible. La fermeture des cycles des matières et des produits implique une réutilisation permanente des matières premières. Le tout en privilégiant les circuits courts. Ok, mais en pratique, cela donne quoi ?
Panerai provoque le changement
La marque figure parmi les premiers grands noms de l’horlogerie mettant en avant l’importance du développement durable. Une prise de conscience écologique qui a guidé la conception du modèle expérimental, la Submersible eLAB-ID™, constituée à 98,6% de matériaux recyclés ! C’est grâce à une liste de fournisseurs longue comme le bras dévoilée par la marque (fait assez rare) que Panerai a réussi cette prouesse technique. En passant par le boîtier, le cadran en sandwich et les ponts qui sont composés d’EcoTitanium™, un alliage de titane composé de plus de 80% de contenu recyclé pur, et en continuant par les aiguilles recourant à du SuperLuminova™ 100%, la plupart des composants clé de cette montre contiennent des matériaux qui ont obtenu une seconde vie. Et cela, sans compter sur le silicium 100% recyclé pour l’échappement du mouvement. Du verre saphir aux aiguilles, tout y passe !
A côté de ce modèle conceptuel limité à 30 exemplaires, Panerai a également lancé la Luminor Marina eSteel™ ainsi que la Submersible QuarantaQuattro eSteel™ (l’un de nos coups de cœur Watches & Wonders 2022). La marque est « ecologico » au plus profond de son âme et c’est tout à son honneur. La Planète lui dit merci, et nous aussi.
Un cadran en PET recyclé pour ORIS
Oris a également franchi le cap avec la montre Acquis Date Upcycle. Une montre assez folle et unique d’ailleurs, étant donné que son cadran coloré est composé de PET recyclé et que ce processus produit des motifs aléatoires. Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez donc pas deux cadrans identiques. Ce dernier est abrité par un boîtier en acier inoxydable ainsi que d’une lunette tournante unidirectionnelle avec un insert en céramique gris résistant aux rayures. Cette montre de plongée, dévoilée en 2021, a du style et est à la limite de la petite pièce d’œuvre d’art. Ce sont les « artistes-plongeurs » qui seront contents !
Pssst : la marque propose également des bracelets et des écrins réalisés en plastique recyclé ainsi que des boîtes à base d’algues ! Elle soutient aussi de nombreuses actions en faveur de la protection des océans.
Ulysse Nardin, au service de l’océan
La durabilité élevée au rang d’excellence, c’est ce que la marque prône avec son garde-temps Diver Net de 44mm. Issue d’un partenariat avec la société française FIL&FAB, cette montre conceptuelle est totalement innovante et « upcyclée ». Pour la réalisation de la boîte, de la carrure, du fond et le décor de la lunette, Ulysse Nardin a fait confiance à 3 jeunes bretons qui ont créé la première filière de recyclage de filets de pêche en France. Les filets hors d’usage sont récupérés auprès des ports et transformés en granulés de polyamide. En guise de bracelet, la Manufacture opte naturellement pour un plastique PET issu de la mer transformé par... petite devinette: l’entreprise suisse TIDE. Quant au verre saphir, il a été remplacé par une glace en céramique transparente, toujours dans le but d'améliorer le bilan environnemental. Des filets de pêche au poignet, il n'y a qu'un pas.
ID Genève et son challenge totalement fou
Des montres mécaniques avec un maximum de responsabilité et une transparence totale sur la chaîne de valeur, c'est ce que les fondateurs de la jeune pousse horlogère ont réussi à faire en créant ID Genève en décembre 2020. Avec son concept fort, la marque fait souffler un vent d'éco-responsabilité sur l'horlogerie et propose un premier modèle 100% issu de l'économie circulaire : Circular One.
L'acier 4441 provient du recyclage des copeaux d'acier dans le Jura et son empreinte carbone est 10 fois plus petite que celle de son compatriote standard. L'entreprise jurassienne récupère ce matériau qui est trié, flashé et stocké jusqu'à la refonte. La production est, quant à elle, 98% suisse, les 2% restant voyageant entre l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre. Le bracelet est en textile vegan et provient de peaux et de pépins de raisin jetés lors de la production de vin. Solvant toxique, métal lourd et substance dangereuse ne sont pas invités à la fête du processus de production. Quant au packaging, il est fait de champignons et totalement compostable. Et le mouvement alors ? Et bien, c'est le très connu ETA 2824. La marque en rachète des stocks puis le calibre est démonté, nettoyé, remonté et testé. Résultat ? Neuf comme un sou neuf !
ID Genève continue de faire encore mieux en 2022 avec un bracelet en cuir de feuille réalisé à partir de déchets de plantes urbaines collectés dans les parcs de Londres, compostable lui aussi ! Et en proposant un deuxième modèle, Circular S, dont l'acier 4441 provient d'un four fonctionnant à l'énergie solaire. Recyclage et circuits courts sont les mots-clés de cette marque qui a tout d'une grande.
Vous l'aurez compris: le recyclage des matières premières ainsi que la régionalisation de la production seront les mots d’ordre de ces prochaines décennies pour l’horlogerie suisse. Ce n’est que le début !